La densité de semis des céréales

La densité de semis est égale au nombre de grains semés par mètre carré. Elle peut aussi s'exprimer en kg de semences/ha mais cette seconde unité est variable d'une année à l'autre selon le poids des grains (exprimé en poids de 1000 grains (PMG)).

La densité de semis est fonction de la culture implantée, de la date de semis, du type de variété (lignée ou hybride), des conditions de semis et du type de sol. La densité du semis a une influence sur le développement de la culture et sur le coût de son implantation. L'adaptation de la densité de semis est donc un des leviers pour assurer du bon développement de la culture et gérer le coût de reviens de celle-ci.


Froment d'hiver

Adaptation de la densité de semis

Pour exprimer pleinement son potentiel de rendement, il faut que la culture utilise efficacement les ressources mises à sa disposition : lumière, eau, éléments nutritifs (en particulier l'azote). Cette optimisation physiologique au niveau de la plante individuelle exige que la densité de population de la culture soit modérée (400-500 épis/m²). En effet, lorsque la densité est trop élevée, il y a concurrence pour la lumière, et le rendement photosynthétique en est affecté.

Avec les variétés récentes, l'accroissement du potentiel de rendement provient principalement de l'amélioration de la fertilité des épis. Cette caractéristique intéressante ne peut pas s'exprimer lorsque la concurrence entre tiges est trop forte.

Par ailleurs, un semis trop dense entraine une dépense supplémentaire en semences, un trop grand nombre de tiges favorisant la sensibilité à la verse et le développement des maladies cryptogamiques. Indirectement, un semis trop dense risque donc d'accroître le coût de la protection phytosanitaire.

L'objectif est d'obtenir une population d'environ 150 à 200 plantes par m² à la sortie de l'hiver pour les semis précoces et normaux et 200 à 250 plantes par m² pour les semis tardifs.

Au-delà de 250 plantes, quelles que soient les itinéraires de culture mis en œuvre, les rende­ments ne s’accroissent plus et peuvent même fléchir. Ils sont en tout cas plus coûteux à obte­nir.

En deçà de 150 plantes, les rendements peuvent encore régulièrement se situer très près de l'optimum. Dans les semis précoces, ou à date normale, la population peut même descendre à près de 100 plantes par m² sans pertes significatives de rendement pour autant qu'elle soit régulière.

Densités de semis recommandées

La densité de semis en froment d'hiver doit être adaptée en fonction :

  • de la date de semis : dans nos régions, pour un semis réalisé en bonnes conditions de sol, les densités de semis recommandées selon l'époque de semis sont reprises dans le Tableau 1 ;

Tableau 1 – Densité de semis en fonction de la date de semis.

Dates Densités en grains/m²
01 - 20 octobre 200 - 250
20 - 30 octobre 250 - 300
01 - 10 novembre 300 - 350
10 - 30 novembre 350 - 400
01 - 31 décembre 400 - 450
31 déc. - 28 février 400
  • de la préparation du sol et des conditions climatiques qui suivent le semis: pour des semis réalisés dans des condi­tions « limites » (temps peu sûr, longue pé­riode plu­vieuse avant le semis, ...), elles peuvent être majorées de 10 %. Au contraire, lorsque les conditions de sol et de climat sont idéales, elles peuvent être réduites de 10 à 20 % ;
  • du type de sol : dans des terres plus froides, plus humi­des, plus argileuses, voire très difficiles (Polders, Condroz), ces densités doivent être majorées de 20 à 50 grains/m².


Escourgeon et orge d'hiver

En conditions normales, la densité de semis de l'escourgeon doit être d'environ 170 à 200 grains/m² soit 70 à 110 kg/ha. Pour les variétés hybrides, la densité de semis recommandée est de 125 à 170 grains/m².

La densité de semis doit être augmentée lorsque le semis est réalisé :

  • dans de mauvaises conditions climatiques;
  • dans des terres mal préparées;
  • dans des terres froides (Condroz, Famenne, Polders, Ardennes);
  • tardivement.

Cet accroissement doit être modéré et, en aucun cas, la densité de semis ne dépas­sera un maximum de 250 grains/m² (soit 100 à 140 kg de semences selon le poids de 1.000 grains).

Si les conditions climatiques sont trop défavorables ou si le semis est trop tardif, il est préférable de s’abstenir de semer de l’escourgeon ou de l'orge d’hiver, même à plus forte densité (250 grains/m²). Il sera plus sage de remplacer l’orge d’hiver par du froment, de l’orge de printemps, ou le cas échéant par des pois protéagineux.

Des essais menés de 2012 à 2015 se sont intéressé à la réduction de la densité de semis pour des variétés d'escourgeons lignées et hybrides. Les résultats ont permis de conclure que réduire de 25 % la dose conseil (225 grains/m²) est dans la plupart des cas envisageable sans prendre trop de risques. Des essais menés sur orge de printemps ont aboutis à la même conclusion.



Autres céréales

Epeautre

Les densités de semis recommandées en épeautre sont de 250 à 350 grains/m² en sols limoneux (selon la date de semis ) et de 325 grains/m² en sols froids.

Seigle et triticale

Les densités de semis recommandées pour le seigle et le triticale sont de 200 à 250 grains/m², comme un froment semé au mois d'octobre.

Froment de printemps

La densité de semis recommandée en froment de printemps est de 300 à 350 grains/m².

Orge et avoine de printemps

En conditions normales, la densité de semis conseillée en orge et avoine de printemps est de 250 grains/m² et ne peut pas descendre en dessous de 175 grains/m². Une densité de semis trop basse risquerait en effet de pénaliser fortement les cultures qui n'ont pas la même capacité de tallage que les cultures d'hiver.

Dans des semis très tardifs des orges de printemps, après la mi-avril, la densité de semis doit être augmentée pour atteindre 350 grains/m² ce qui permet de compenser la réduction de la période de tallage. Pour l’avoine de printemps, la densité de semis peut être augmentée jusqu’à 400 grains/m² en conditions froides.


Remarques générales

Une densité de semis renforcée ne peut pallier ni une mauvaise préparation du sol, ni une faible qualité de la semence.

  • La qualité des semences est primordiale. Les densités de semis préconisées ne sont, bien sûr, valables que pour des semences convenablement désinfectées dont le pouvoir et l'énergie germinative sont excellents. Pour des lots de semences à moins bonne énergie germinative (semences de l’année précédente, semences fermières en année avec mauvais Hagberg), les densités doivent être adaptées en fonction du pouvoir germinatif;
  • Ces densités de semis sont données en grains/m² et non en kg/ha parce que sui­vant l'année, la variété, les lots de semences, le poids des grains peut varier assez sensiblement. Semer à 115 kg/ha équivaut, suivant le cas, à semer de 225 grains/m² à 300 grains/m² ainsi que l'illustre le Tableau 2;
  • Pour les variétés hybrides, les normes recommandées doivent être réduites de 30 à 40 % quelle que soit l’époque de semis.

Tableau 2 – Quantités de semences en kg/ha nécessaires pour une densité donnée en fonction du poids de 1.000 grains (PMG) exprimé en grammes.

PMG (g) Densité en grains/m²
175 200 225 250 275 300 325 350 375 400 425 450
40 70 80 90 100 110 120 130 140 150 160 170 180
42 74 84 95 105 116 126 137 147 158 168 179 189
44 77 88 99 110 121 132 143 154 165 176 187 198
46 81 92 104 115 127 138 150 161 173 184 196 207
48 84 96 108 120 132 144 156 168 180 192 204 216
50 88 100 112 125 137 150 162 175 187 200 212 225
52 91 104 117 130 143 156 169 182 195 208 221 234
54 95 108 122 135 149 162 176 189 203 216 230 243
56 98 112 126 140 154 168 182 196 210 224 238 252