Stratégies de protection

La volatilité des prix ne facilite pas les prises de décision en ce qui concerne la protection fongicide en escourgeon qui n’est pas cotée sur Euronext, et dont il est difficile d’estimer le prix avant la récolte.

Trois leviers agronomiques sont à actionner avant d’envisager la lutte à l’aide de produits chimiques.

Privilégier les variétés les plus résistantes (1er levier)

Il est certain que l’agriculteur a toujours intérêt à privilégier les variétés les mieux classées pour la résistance aux maladies, moyen le plus simple pour augmenter ses chances de pouvoir se passer du traitement fongicide en montaison.  De plus, en cas de longue période de pluie, c’est-à-dire de longue période d’impossibilité d’application du fongicide, les variétés les plus sensibles seront plus affectées par les maladies que les variétés résistantes.

Semer à une densité peu élevée (2ème levier)

En général les semis d’escourgeon sont réalisés dans une période favorable pour travailler en de bonnes conditions de préparation du sol, la levée est souvent rapide et le tallage démarre tôt.  Les essais montrent qu’une densité de semis de 170 à 200 grains/m² est largement suffisante, surtout avec les semoirs de précision.

Ne pas intensifier exagérément la fumure azotée (3ème levier)

Il ne faut pas rechercher absolument les rendements les plus élevés, surtout avec les variétés les plus sensibles à la verse ou aux maladies.  Viser l’optimum de fumure permet de moins stresser la céréale.  L’erreur la plus fréquente en sortie d’hiver est d’apporter une fumure au tallage alors que la population des talles est déjà suffisante.  Dans cette situation, l’impasse de la fumure de tallage améliore très sensiblement la résistance à la verse et diminue nettement la sensibilité aux maladies du feuillage pendant la montaison.  Cette technique n’est pas envisageable dans certaines situations pédo-climatiques (sol plus froid, superficiel, tallage réduit) où trois apports restent indispensables.

Le traitement de montaison

Il ne faut jamais traiter systématiquement à ce stade et aller observer l’état sanitaire de la culture dans chaque parcelle.  Les critères de décision sont cependant difficiles.  Des maladies sont en effet presque toujours détectables en début de montaison et leur progression sur le feuillage supérieur est difficile à prédire.  Suivant les maladies qui se développent en fin de saison, le fractionnement en deux de l’investissement en fongicides peut parfois conduire à des résultats en retrait par rapport aux traitements uniques.

Le traitement montaison ne doit donc être appliqué qu’en cas de présence significative de maladies sur les trois derniers étages foliaires sortis et suivant les avis CePiCOP.  Ce devrait être le cas pour les variétés les plus sensibles.  Il faut empêcher que ces maladies ne s’installent sur les deux dernières feuilles.  Si le développement de la culture est rapide durant cette période et que le délai avec un second traitement est réduit, la rémanence n’est pas primordiale.  Pour alterner les substances actives, on privilégiera à ce stade un fongicide à base de triazole ou de cyprodinil voire une strobilurine en mélange à un triazole.  En pression faible des maladies et/ou de marché défavorable, on pourrait se contenter d’une dose réduite de fongicide à ce stade.

Le traitement fongicide de dernière feuille

Compte tenu du risque élevé de développement de rhynchosporiose, d’helminthosporiose, de ramulariose, de rouille et d’oïdium en fin de végétation, un traitement fongicide actif sur l'ensemble des maladies doit être systématiquement effectué dès que l'ensemble du feuillage est déployé.

Le traitement fongicide de « Dernière feuille » à base de strobilurine + triazole ou de SDHI + triazole (et/ou strobilurine) reste donc systématiquement conseillé. Dans les 2 cas, l’ajout d’un multi-sites est préconisé. Cette année encore le chlorothalonil pourra être utilisé dans les escourgeons. Il faudra cependant se pencher vers une autre solution en 2021.
L’expérimentation montre qu’il est possible de réduire les doses, notamment en traitement de montaison.