Choisir sa modalité d’application

Deux modalités de fractionnement de la fumure azotée sont envisageables :

  • Apport en 3 fractions : Tallage, Redressement et Dernière feuille
  • Apport en 2 fractions : Intermédiaire tallage-redressement et Dernière feuille
  • Dans certains cas particuliers, une fraction complémentaire à l’épiaison pourrait être apportée

 

La fumure azotée en trois apports

Une fumure de tallage et donc un fractionnement en trois apports est indispensable dans les circonstances suivantes :

    • Structure de sol abîmée par des récoltes tardives ou en mauvaises conditions ;
    • Terre à mauvais drainage naturel ;
    • Sol complètement glacé ou refermé, dégâts d’hiver, de traitements herbicides, de parasites, déchaussements, etc. ;
    • Sol avec de faibles disponibilités en azote en sortie hiver ;
    • Besoin en paille élevé sur l’exploitation ;
    • Dans les semis tardif (après le 15 novembre) ;
    • Dans le cas d’un précédent froment, afin de favoriser la progression racinaire et compenser l’effet néfaste des maladies du système racinaire ;
    • Si la végétation est trop claire ou la densité de végétation faible en sortie d’hiver ;
    • A fortiori, dans toutes les situations culturales où on soupçonne que le système racinaire du froment se développera difficilement et ne permettra pas à la culture de trouver dans le sol les quantités minimales d’azote dont elle a besoin pour assurer le développement d’un nombre suffisant de tiges.

Ce type de fractionnement est à privilégier dans la majorité des situations.

Fraction tallage

En cas de nécessité d’apporter de l’engrais azoté en sortie d’hiver, la première application ne doit être réalisée que lorsque les conditions climatiques sont redevenues favorables et que la culture a repris vigueur. Selon les années, la date d’application pourra donc se situer entre le début et la fin mars, voire au début avril lorsque l’hiver est particulièrement long.

Contrairement aux apparences et croyances de certains, des applications trop hâtives d’engrais (en février par exemple) n’apportent jamais de supplément de rendement; au contraire, ces applications sont moins profitables à la culture. Elles sont réalisées à un moment où les prélèvements par la culture sont quasi inexistants et où l’engrais apporté est exposé aux aléas climatiques : lessivage si pluviosité très importante et entraînement par ruissellement en cas d’application sur sol gelé suivi de dégel en surface accompagné de précipitations.

Au début du printemps, les besoins de la culture sont encore peu importants et un retard dans l’application de fumure n’a pas de conséquence néfaste sur le rendement.

Fraction redressement

L’apport de cette fraction doit être fait au début du redressement, soit dans nos régions entre le 15 et le 30 avril, en moyenne autour du 20 – 25 avril, suivant l’état de développement de la culture. Un retard important dans l’application de cette fraction peut être préjudiciable au potentiel de rendement de la culture.

Fraction dernière feuille

Cette fraction doit être idéalement appliquée entre les stades dernière feuille pointante et dernière feuille complètement déployée. A ce moment, elle n’a plus d’influence sur le peuplement en épis mais peut encore augmenter le nombre de grains par épis. Appliquée plus tôt, elle favorisera la montée de tardillons qui nuiront au rendement; postposée, elle risque fort de perdre en efficacité.

Exemple de la fumure en trois fractions :

Fraction du tallage (1ère fraction): 60 N

Fraction du redressement (2ème fraction): 60 N

Fraction de la dernière feuille (3ème fraction): 65 N

Les adaptations de chaque fraction se calculent sur base des tableaux présentés dans les liens suivants.

Déterminer sa fumure

 

 La fumure azotée en deux apports

Une fertilisation en deux fractions sera encouragée dans les situations suivantes :

    • Précédents culturaux laissant des reliquats élevés, tels qu’après une culture de colza, légumineuse, légumes ou pomme de terre ;
    • Dans le cas d’un précédent betterave dont l’arrachage a été effectué précocement (avant le 15 octobre) dont le profil n’aurait pas été épuisé (voir analyse de sol) ;
    • Dans le cas de semis précoces et/ou si la végétation est fortement avancées (la culture a déjà produit beaucoup de talles).
    • Sur des parcelles où les restitutions de matières organiques sont importantes et/ou fréquentes ;
    • Productions de froment destinées à une valorisation en meunerie.

Dans certains cas, il est recommandé d’éviter la fertilisation en deux apports :

    • Problème de structure
    • Problème de drainage
    • Sol glacé, dégâts d’hiver ou d’herbicide, déchaussement, …
    • Besoin en paille élevé sur l’exploitation
    • Semis tardif (décembre) et précédent arraché tardivement (épuisement du profil N)
    • Végétation trop claire en sortie hiver

Fraction intermédiaire (tallage-redressement)

Dans toutes les situations culturales où la culture a accès en suffisance aux réserves présentes dans le sol en sortie d’hiver, la date d’application du premier apport se fera au début avril en fin tallage, 10 à 15 jours avant le redressement. Cette fraction permettra de couvrir les besoins jusqu’au stade dernière feuille. Remplaçant les applications de tallage et de redressement, elle permet de limiter le nombre d’interventions dans la culture.

Fraction dernière feuille

Les modalités d’application sont identiques dans le rythme d’apport de l’azote en deux ou trois fractions (voir ci-dessus).

Exemple de la fumure en deux fractions :

Fraction intermédiaire « T-R »:  90N

Fraction de la dernière feuille: 95N

Les adaptations de chaque fraction se calculent sur base des tableaux présentés dans les liens suivants.

Déterminer sa fumure

 

Une fraction complémentaire à l’épiaison ?

Lorsque la fumure a été correctement calculée, un apport d’azote supplémentaire à l’épiaison ne se justifiera sans doute pas, sauf les années exceptionnelles. Dans la majorité des situations, les accroissements de rendement liés à un apport à l’épiaison sont en effet quasi nuls; et cela pourrait aboutir à surfertiliser la culture, augmentant le reliquat.

Un autre danger des fumures tardives (après le stade dernière feuille) trop importantes est en effet de retarder la maturation de la culture, ce qui, certaines années, pourrait s’avérer préjudiciable (difficulté de récolte, perte de qualité, indice de chute de Hagberg insuffisant).

Cependant, dans des circonstances exceptionnelles (faible minéralisation, absence de maladies et de verse, potentiel de rendement très élevé) une application modérée (20-30 unités) peut être envisagée au stade épiaison. Ce complément de fumure permet dans ces cas précis, mais uniquement dans ces cas, d’augmenter quelque peu le rendement et surtout d’améliorer la qualité de la récolte (pour les variétés à bonne valeur technologique).